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On n'a rien changé... et ça vient de recommencer

BIENVENUE AU SUPERMARCHÉ DE LA MORT

Publié le 31 Août 2018 par Vox Lavernosi

Dans le département de la Haute-Garonne, tout le monde connait Blagnac, mondialement célèbre pour ses avions ; Nul n’ignore Luchon et ses eaux bienfaisantes ; Chacun loue Revel pour ses ébénistes d’art ; Bientôt plus personne ne méconnaitra Lavernose et son four crématoire. C’est bien expliqué dans le grand article (1) consacré récemment à la question : Grâce au sens aigu du développement économique dont est pourvu notre maire, notre commune va se doter d’un pôle funéraire, rien de moins. Comme toujours, les contraintes normatives sont un frein à l’initiative, mais il a bien fallu s’y plier. Une enquête publique a donc été organisée afin de recueillir l’avis de la population quant à ce merveilleux projet. Nul doute que personne n’y voie malice, mais au cas où, par simple précaution, cette enquête a été organisée du 30 juillet au 28 août (défense de rire). Durant cette période particulièrement propice à la disponibilité des habitants vis-à-vis des questions technico-burocrato-adminstratives, il a été prévu que le commissaire enquêteur soit présent pour recevoir les doléances deux jours seulement, à raison de trois heures chaque jour (attention au claquage), soit six heures en tout (défense de rire encore). Au cas où de mauvais coucheurs n’auraient pas pu se rendre disponibles durant ces vastes plages horaires en plein marasme estival, monsieur le maire, dans sa grande mansuétude a tout prévu, c’est d'ailleurs écrit en toutes lettres dans l’arrêté de mise à l’enquête publique : « Le public pourra adresser ses observations écrites au commissaire enquêteur à la mairie : MAIRIE DE LAVERNOSE LACASSE 1 place de la mairie 31410 LAVERNOSE-LACASSE ou bien sur la boîte mail de la commune contact@lavernose.lacasse.fr ». A tout ceux qui s’imaginent qu'en procédant de cette façon le maire a tout loisir de modifier voire faire disparaître d’éventuels courriers contestataires, tout en notant bien les noms et adresses des fauteurs de troubles, étant donné qu’il n’y a pas la moindre garantie de confidentialité, et bien nous leur disons qu’ils voient le mal partout. La preuve ?  Une enquête publique n’est que consultative. Le préfet n’a pas la moindre obligation d’en respecter les conclusions lorsqu’il prendra le décret d’utilité publique relatif à ce projet, ce qu’il ne manquera pas de faire nous prenons les paris (2) . Alors à quoi bon caviarder les résultats de l'enquête, hein ? Enfin, on n'est jamais trop prudent.  

On n’est jamais trop prudent encore, c’est pourquoi dès la date de clôture de l’enquête échue, le dossier de l’enquête publique, qui figurait sur la page de garde du site Web de la commune a été viré fissa. C’est marrant quand même : La ouaibemastaire du site, conseillère de choc, a cette fois ci été d’une rapidité foudroyante. Elle l’est nettement moins pour mettre en ligne les comptes rendus du conseil municipal, dont le dernier exemplaire à disposition du public date de…. 2016, du 7 avril ! Mais dans sa précipitation, elle a effacé l’article, pas les documents ! Vous pouvez donc toujours consulter le projet ici, par pour longtemps sans doute, mais rassurez-vous nous avons une copie bien au chaud et nous allons vous en livrer un résumé. Une sorte de séance de rattrapage pour ceux que de mauvaises raisons, des vacances par exemple, auraient empêché de s’informer sur la question.

Dans ce document, on parle bien sûr du projet de four crématoire. Là où il sera positionné, à savoir aux confins de la commune avec Longages et Noé, on se demande si monsieur le maire a interrogé les habitants de ces deux communes. En effet, alors que le joli barbecue sera éloigné de 3.5 km du centre de Lavernose, le quartier des Clauzolles à Noé , à 1 km, et les premiers quartiers de Longages guère plus loin, seront le nez dans la grillade. C’est à eux qu’il aurait fallu demander quel parfum ils préféraient dans la cheminée, herbes de Provence ou Mexicaine.  Ce genre de chaudière, s’il n’y en a qu’une dans le département à ce jour, ce n’est pas pour rien. On a essayé de bâtir la seconde à Seysses, mais les habitants se sont défendus et le projet a été annulé. Donc on a cherché un endroit paumé avec un maire disons de l'ancien monde qui dirait amen sans trop poser de questions, et devinez où c’est tombé ? Ce truc-là absolument personne n’en veut et c’est ici qu’il va être construit, c’est pas beau ? A chacun de se faire son opinion, et surtout de revoir l'estime qu'il aura de sa commune après. Car il y a la suite.

En effet, le four crématoire, c’est déjà costaud, mais fort de l’adage « plus c’est gros, mieux ça passe », les politicards y ont ajouté une plateforme de compostage de 4 hectares (celle dont les habitants de Cugnaux ne veulent plus sentir le parfum délicat) et une plateforme de « traitement des terres » sur 5 hectares. C’est écrit ainsi sur le schéma page 36, mais juste au-dessus, dans le corps de texte, il est écrit noir sur blanc « zone dédiée au traitement de terres polluées ». Oui, vous avez bien lu, sur cinq hectares, au-dessus d’une nappe d’eau située à deux mètres à peine sous la surface et qui irrigue toute la plaine on va dépolluer des terres ! Elle est pas bonne l'idée ? Car inutile de vous dire que si l’on s’enquiquine à enlever de la terre quelque part et à la transbahuter ailleurs pour la traiter, ce n’est certainement pas parce que l’on y a renversé un pauvre bidon d’huile de vidange, c'est forcément du lourd.  

Voilà donc probablement ce que cachent cette enquête en catimini et cet empressement à en faire disparaitre les traces. Et bien sûr sous couvert d'un four crématoire, car on ne parle que de celà dans le projet : C'est pas joyeux, mais après tout, c'est respectable se dira le bon peuple. C'est une bonne stratégie, un bon calcul. De nombreux projets nationaux (Notre Dame des Landes, Sivens, etc.) ou locaux (Aéroport à Bois de La Pierre, décharge de déchet dangereux à Lafitte, etc.) ont capoté parce qu'ils avançaient à visage découvert. Dont acte. Mais seront-nous les dindons de la farce ?

En prime, il reste à côté des deux plateformes précédentes une zone de 2.5 hectares, non affectée dans le document mais clairement réservées pour ces mêmes joyeusetés. Il nous étonnerait que l’on y édifie une crèche parentale.  Quelle surprise nous y réserve-t-on, un centre d’entreposage nucléaire ou une usine d’équarrissage ?

Enfin se pose la question du flux de poids lourds, car un tel manège ne manquera pas d’en drainer par centaines. Il est inscrit sur le document, de la façon la plus vague qui soit, « accès poids lourds par RD53 ». La RD53 est la route qui va de Lavernose à Mauzac, étroite et très passante. L’accès à la zone en question, en cours de remblai par la SARL Les Lacs qui moyennant un bon gros paquet d’Euros de redevances y laisse déverser tous types de déchets et gravats, se fait par le chemin à droite avant d’arriver au passage à niveau. Les dizaines de poids lourds qui empruntent cet accès chaque jour suivent un curieux itinéraire : Après avoir longé la voie ferrée, la route non bitumée s’en éloigne pour cheminer sur des terrains municipaux (pièces 991, 1105 et 341). Ces terrains sont ceux du lac municipal. La route en question a été créée à la va vite il y a une dizaine d’année en sacrifiant les trois quarts du chemin du tour du lac. La route fait par endroit 10 mètres de large, 10 mètres de terrain public. Un vague talus a été créé, tellement bas à certains endroits que même une écrevisse unijambiste pourrait le franchir à reculons les yeux fermés. Comme par hasard, cette route n’est pas cadastrée, du moins elle n’apparait pas comme telle sur Geoportail. Y a-t-il un contrat, la SARL Les Lacs paie-t-elle un loyer à la commune ? Pourquoi les poids-lourds n’empruntent-t-ils pas la route directe, qui existe, le long de la voie ferrée ? Est-ce à dire que bientôt une quantité de poids lourds décuplée va emprunter cet itinéraire fort douteux pour aller déverser des terres polluées un peu plus loin ? Et si l’un deux se renversait, et si ces terres tombaient dans le lac ?

Et l’on nous parle d’étude d’impact, de corridor écologique, de Spiranthes spiralis

Vous pouvez bien, Monsieur Delsol, sponsoriser un malheureux hôtel à insectes en place publique, faire croire que vous allez édifier un parcours de santé et des panneaux d’information sur la faune et la flore (Lavernose-Lacasse Le Journal, Juin 2018), la réalité de votre politique est bien là et ce « green washing » grossier n’y changera rien. Le monde auquel vous appartenez, celui de l’agriculture productiviste et intensive – votre métier – et de la chasse – votre loisir- ne peut, par essence, vous conduire à respecter l’environnement. Vous venez de le prouver une fois encore en escamotant l’information relative à ce projet scandaleux que vous soutenez sur le territoire de notre commune.

 

(1) C'est l'arrêté de mise à l'enquête publique, promulgué par le maire, qui stipule (c'est obligatoire) que publicité de cette enquête sera faite par insertion dans la Dépêche du Midi. Mais le maire a attendu d'être en plein week-end du 15 août, soit bien après l'ouverture de l'enquête, pour dicter à la correspondante son article, sur le ton rigolo que vous pouvez lire vous même. Cette dernière, les doigts sur la couture du pantalon comme toujours, a fait publier le tout le 18 août, soit 10 petits jours avant la clôture de l'enquête. Monsieur le maire n'en est pas à une irrégularité près.

(2) L'Association Crématiste de Haute Garonne (si si ça existe, des gens dont le but dans la vie est de passer au four, ça existe), fanfaronnait en juillet que les travaux était déjà en cours. C'est vous dire le suspense...

N.B. :  L'image en tête d'article est extraite du projet officiel de four crématoire... pardon, de pôle funéraire. Ce n'est donc pas une vue de notre esprit. A part l'enseigne, à la limite...

 

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