Soucieux de ne pas être en reste, à l’image des grandes métropoles qui l’été venu se donnent des airs de station balnéaire, not’bon maire a lui aussi tenu à suivre le mouvement. Et quoi de plus représentatif des vacances au bord de l’Océan qu’un camping ! Qu’à cela ne tienne, ne ménageant aucun effort, l’espace d’une nuit, il a édifié au cœur de Lavernose un vrai village bigarré de tentes et de caravanes. Il n’y manque que l'odeur des pins et du Pastis, le chant des cigales et Patrick Chirac. On s’y croirait, n’est-ce pas :
De mauvaises langues semblent suggérer que la clientèle ne serait pas à la hauteur. Le supermarché voisin n’a pas l’air en tout cas d’apprécier à sa juste valeur cet afflux inespéré de clientèle, si l’on en juge par la mise en faction soudaine d’un cerbère suspicieux à l’entrée de la boutique. Craindraient-ils que quelques voleurs de poules se soient déguisés en campeurs ? Les idées reçues ont la vie dure on dirait. Il faut dire qu’il y a campeur et campeur. Quand le campeur (sauvage) taquine la carpe, il est parfaitement fréquentable. Qu’il tapisse les berges du lac municipal de ses détritus, qu’il dérange nuit et jour l’avifaune qui y niche et s’y reproduit, qu’il ne laisse au promeneur comme horizon que ses bivouacs bordéliques débalés sur les berges, bloquant même les passages avec ses véhicules, peu importe car c’est un campeur bien de chez nous, estampillé pêche et tradition. Il est juste indésirable au lac de Pouvil, géré par la société de pêche (camping interdit, c’est écrit à l’entrée, et les contrevenants se font éconduire manu militari, comme quoi).
Mais ces campeurs-là, ceux qui ont investi le magnifique et dispendieux lotissement d’inactivité vide depuis deux ans, ils ne sont pas du genre tradition locale, mais alors pas du tout. Sauf qu’ils sont nombreux et difficiles à virer. On peut se dire que jusqu’à présent not’bon maire a eu un pot inouï que les gens du voyage n’envahissent jamais ce terrain. Tellement devait-il se croire protégé, allez savoir, peut-être s’imaginait-il que sa personne suffisait à les terroriser. Quand on voit partout des terrains qui malgré des mesures de restriction d’accès sévères (portiques métalliques, blocs bêton, etc.) sont régulièrement envahis, alors qu'à Lavernose il y a ce terrain immense, gentiment tondu et illuminé la nuit aux frais du contribuable, bien propret, avec de jolies voies bétonnées sans le moindre obstacle si ce n’est une ou deux barrières métalliques déposées ça et là, avec eau et électricité à l’œil, il n’y a qu’à se brancher comme vous pouvez voir ci dessous.
Mais attention, nous avons de redoutables panneaux à chaque entrée du village : Un œil, qui parait-il signifie que certaines personnes, courageusement anonymes bien sûr, vous surveillent dans l’ombre et appellent les gendarmes si votre bobine ne leur revient pas, un sympathique relent de 1940 en somme. Et puis un cercle bleu, ça, personne ne sait ce que ça veut dire mais c’est certainement très efficace. Et puis aussi les caméras, qui surveillent le palais municipal. Enfin voilà, tout un arsenal d'amateur, hétéroclite et au rabais, qui démontre son manque total de pertinence, tout autant que l’incohérence absolue de la politique du maire en matière de sécurité, si tant est qu’il en ait une. Le résultat de cette pétaudière est là sous vos yeux, face à Intermarché.
A quelques mois des élections municipales, Monsieur Delsol semble ne pas douter qu’il est l’homme de la situation pour conduire aux destinées de cette commune six ans de plus. Après tout, cela le mènerait tranquillotement au quart de siècle de règne, et c’est bien cela qui compte en politique. Avoir de l’ambition pour sa commune et ses concitoyens, de vrais projets, des idées novatrices, une politique cohérente, tout cela ce n'est bon que pour se faire battre.