Un an déjà ! Il y a exactement trois cents soixante-cinq jours, not’bon maire chaussait ses Ray Ban du dimanche pour la ronflante inauguration de SON lotissement d’activité. C’était grandiose : Grâce à cet ouvrage unique, notre village allait entrer dans le XXIe siècle avec un taux de croissance à deux chiffres. Les entreprises allaient y pousser comme les cèpes après un orage au quinze août ; Des emplois par dizaines allaient y fleurir comme les pâquerettes.
Nous avons enquêté : En un an, la seule activité détectée fût celle des épareuses et autres tondeuses municipales. Car c’est l’herbe folle qui est là-bas le seul et unique employeur. Mais pas un seul jour en un an l’éclairage public n’a fait défaut sur ce grand champ désert. En faisant l’hypothèse que les quinze lampadaires installés soient de puissance raisonnable, 100 W, à raison de 10 heures par jour en moyenne, cela fait grosso-modo 5 500 kWh payés par nos impôts pour éclairer des chardons, soit la consommation moyenne de deux familles de quatre personnes. Nous avons financé l’aménagement de six hectares et demi au prix que l’on sait et nous continuons à en payer l’entretien et éclairage sans que rien n’en sorte. En l’absence de toute construction, pas un poireau pour la soupe n’y pousse, pas un mouton n’y broute. Monsieur le Maire, pourtant d’extraction paysanne, même s’il s’est depuis reconverti dans le commerce de tabac et journaux, n’a pas songé à faire faner ce grand près, afin que l’herbe qui y pousse profite au moins à quelque ruminant. C’est le néant total, le gouffre financier, la gabegie à ciel ouvert.
Mais qui nous dit que ce fiasco va bientôt prendre fin ? Pas la mairie en tout cas. Il y a un an, on roulait des mécaniques ; Il n’y avait pas assez de place dans le journal pour y caser la logorrhée municipale. Autosatisfaction, propagande gratuite, éléments de langage et langue de bois, rien n’y manquait. Un an plus tard, le silence est assourdissant. Comme nous vous l’avons révélé, le projet de migration du supermarché a du plomb dans l’aile, et pour cause… Il est probable que la lenteur des procédures intentées par la concurrence retarde encore ce projet déraisonnable guidé par la seule quête effrénée du profit pour plusieurs années, s’il n’est pas déjà enterré à six pans de profondeur. Nous leurs suggérons un nouveau slogan : "Enterre-Marché, tous unis contre la vie chère !". Dans ce contexte, il est probable que les autres prétendants à l’installation sur le site soient aujourd’hui modérément motivés pour aller s’y enterrer aussi : Sans supermarché pour attirer le client, l’investissement devient aventureux. Alors ont fait quoi ? Nous avons une suggestion : Les anciens propriétaires, qui parait-il ont leurs entrées à la Mairie, pourraient racheter les terrains qu’ils ont grassement survendus et y semer des champs de promesses, de rêves, de plans sur la comète. Ils verront bien si ça rapporte.